Biography
Une fois encore, il est certain que Laure a bien fait les choses. « Somewhere Out Of Sight », l’album qu’on a rêvé, attendu jusqu’à ne plus y croire, est là, qui tourne en boucles et nous enivre. Une merveille enregistrée au studio de la Fonderie à Fribourg, mixée à Helsinki, mastérisée à Montréal. Dix chansons humbles, aux délicats arrangements boisés, portés par une voix douce, profonde, ensorcelante. Un timbre rare qui vient vous prendre au point du jour, le temps d’une ballade quasi chamanique au cœur de la forêt enchantée qu’on aperçoit sur la pochette, basée sur le travail de Baptiste Oberson, un peintre ami. Tandis qu’ « Hello Goodbye », évidente ouverture, laisse sa place à l’intense vibration d’ « Anyhow », la note devient respiration, témoignant au passage de la complicité sans faille unissant désormais Laure et ses musiciens. Dès « Take Shelter », « tournerie » folk solaire intemporelle, on comprend que l’album, sous ses dehors simples, est un monde, onirique, qui a fait de l’harmonie sa règle essentielle. Un monde où il fait bon se perdre avant de se laisser guider par la voix de Laure vers la lumière de ces étés sans fin qui caractérisent un grand nombre de disques gravés en ces temps lointains où la musique ne souffrait pas du moindre compromis. « Lorsqu’on prépare un premier disque, on se retrouve parfois à devoir enregistrer des chansons qu’on joue depuis longtemps et dans lesquelles, parfois, on peine à se reconnaître. Cette fois, j’ai mis en musique des histoires qui concernent celle que je suis désormais. Je suis en accord avec le moindre son qu’on a enregistré. Sûrement parce que j’ai accepté de prendre du recul après le premier disque. Afin de laisser vivre les idées, sans entrave. Lorsque je compose, je n’enregistre rien, je ne note rien. Ainsi, si l’idée revient sans effort, c’est qu’elle vaut la peine d’être exploitée ». Court et fulgurant comme un 33 tours de l’âge d’or, « Somewhere Out Of Sight » ne se contente pas de tenir les promesses de son délicieux prédécesseur. Il célèbre en effet, sans le moindre effet tapageur, l’émergence d’une artiste dont tout le monde va avoir besoin pour garder le goût de belles choses, ces petits riens qui restent lorsqu’on accepte de tourner le dos aux artifices pour se vouer à l’essentiel.
Jean-Philippe Bernard