Arma Jackson

Biography

Avant, quand on croyait que les lendemains pouvaient encore chanter et que les
textos et les twitter voyageaient avec un timbre, il fallait choisir son camp: On était
rock, on était punk, metal, alternatif ou rap, on ne transigeait pas, jamais. On ne se
mélangeait pas. 2017 est là. Les codes ne sont plus les mêmes, les étiquettes ont été
avalées par le trou noir 2.0. L’heure est à l’audace, aux chansons qui ne doivent rien à
personne. À l’identité. Arma Jackson, Jordan Mfumu-Kanda Dhi à l’état civil, est né
à Lausanne, Suisse. Kurt Cobain avait déjà alors tiré sa révérence, 2 Pac pas loin.
Son premier disque, “9M2” se présente comme un EP. Et dévoile autant de morceaux
qu’un album. Ici, d’entrée, on comprend. On comprend qu’Arma Jackson a choisi de
ne pas choisir. Sa musique aime les mélodies tatouages, celles qui envahissent le
cerveau pour ne plus jamais le quitter, les émotions mêlées, les frontières qui
s’effacent, l’intimité transcendée. Elle raconte le quotidien d’un jeune d’aujourd’hui,
partagé entre le spleen assumé et les souvenirs pas toujours solaires, elle est rap, pop,
entraînante et de combat, mélancolique et libératrice. Elle est tangible, précise,
touchante et fière. Qu’on écoute “Sables Mouvants” ou “Bagarrer”, “Moquez Vous”
ou “Les Yeux Fermés”, une certitude pointe: Arma Jackson donne plus qu’il ne
prend. Il n’ignore pas que les chansons ne doivent pas tricher.
Jordan, avant de devenir Arma, se souvient de sa mère qui chantait dans la chorale de
l’église, de son frère qui faisait du rap, comme ça, entre potes, pour tuer le temps, de
cet autre frangin, le grand, qui faisait de la danse hip hop et qui écoutait en boucles
des cassettes avec Eminem, Missy Elliott, Disiz, Mafia K’1 Fry, Psy4 dessus… De
cette envie brûlante de faire du rap à 12 ans (son premier groupe s’appelait Boys
Thug et associait rappeurs et beatmakers, tout comme le suivant, Le Collectif De
Loz), de ce disque de Coldplay, “Parachutes”, qu’il écoutait encore et encore dans sa
chambre, presque en cachette: “Dans le milieu du rap on est vite freiné, restreint par
les codes du genre. Je pense que ça aurait été désastreux si j’avais avoué à mes amis
d’enfance que j’écoutais du Coldplay. En grandissant, j’ai voulu sortir de tout ça,
assumer mes goûts, ma personnalité, ma sensibilité, ma curiosité et mon envie de
chanter. Ça n’a pas été évident au départ, je me souviens l’avoir assez mal vécu au
début. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, ni ce à quoi j’étais bon. Je
voulais juste apprendre et découvrir un maximum de choses” précise-t-il quand on
lui demande de plonger dans son passé. Voilà. Savoir définir ses passions et ne pas
transiger avec ses désirs. Être capable de dépasser les dogmes. S’élever pour n’être
que soi-même.
Arma (pour Armafricaine au départ) Jackson (pour Bambi), à ses débuts, ne sait pas
quelle musique il veut servir mais sait très vite qu’il ne veut plus faire que ça. D’une
façon ou d’une autre. Arma apprend la guitare, électrique, sans même posséder un
ampli, le piano, découvre la composition d’abord grâce au beatmaking. Il progresse.
Les heures défilent et il est là, encore, à gratter, à apprendre, à grandir: “Je pense
qu’être en même temps chanteur et compositeur te permet de pouvoir aller un peu
plus loin dans ta recherche d’identité. C’est en partie pour ça que j’ai commencé à

composer. Je voulais trouver ma voie (voix), quelque chose de plus abouti que de
seulement rapper sur un beat déjà fait… J’essaie souvent de me battre contre les
idées clichés et de les éviter. Je n’y arrive pas tout le temps, mais j’essaie. Je pense
que c’est comme ça qu’on fait avancer les choses… en cassant les codes” dit-il. Il a
raison. Ce fan de rap, de pop, de rock, de musique africaine (le Congo, ses racines, le
pays de ses parents) et cubaine, toujours en mouvement, refusant de se fixer, préfère,
aux petits matins difficiles, les nuits en studio passées à créer. “9M2”, c’est une
chambre d’enfant qui se transforme en laboratoire d’émotions, même si Arma
reconnaît qu’il peut aussi écrire depuis sa baignoire ou dans le bus. Auteur,
compositeur, interprète et producteur, Arma Jackson rêve un jour de noircir un stade,
d’entendre le public reprendre en chœurs ses chansons, d’enregistrer avec Daft Punk,
Timbaland ou Pharrell, de multiplier les albums, de jouer partout, Europe, Amérique
et Afrique bien sûr. En attendant, il vient de signer sur le label de Youssoupha,
Bomaye Musik et travaille sur son véritable premier album. Quand on lui demande de
se définir en une seule phrase, il répond: “Je suis un enfant de 22 ans”. L’avenir lui
appartient.