Captaine Gass, de son vrai nom Seydoux Belazaina, est un auteur interprète d’origine malgache âgé de 24 ans. L’enfance de Seydoux n’avait rien d’un fleuve tranquille. Né à Madagascar, il a vu son père être obligé de quitter l’île car menacé de mort pour des raisons politiques. Alors que sa mère et une partie de sa fratrie rejoignent les Comores pour les mêmes raisons, lui reste chez ses grands- parents à Madagascar. Ce n’est qu’après une douloureuse séparation de plusieurs années que toute la famille peut enfin se retrouver en Suisse. À onze ans, Seydoux couche ses émotions sur le papier et il chante. « Le rap m’a permis de raconter tout de raconter tout ce que j’avais en moi. Je vivais des changements de culture et je devais trouver ma place. Ce que j’avais à exprimer, je l’ai dit par la musique », se souvient-il.
Lorsque Seydoux prend le micro, il devient Captaine Gass. Un nom qui fait référence à son amour pour la mer et les étendues sans frontière, mais aussi à « Gass », comme on appelle les habitants de Madagascar. Son île, l’artiste ne l’oublie pas. Mieux, il allie pleinement ses racines à sa vie d’aujourd’hui et on retrouve les sonorités africaines dans sa musique. « C’est difficile de savoir où tu vas si tu ne sais pas d’où tu viens » relève-t-il. « Consciemment ou non, chaque immigré a quelque chose qui le rattache à son lieu d’origine. En prendre conscience permet de mieux bâtir sa vie. »
La musique coule dans ses veines. Il a sorti des singles, des clips à succès et a donné plusieurs concerts dans la région. Les 12 morceaux qu’il vient de sortir dans son premier album « Loup des mers » illustrent des différentes facettes de l’artiste. Il ne se limite pas au rap et voyage dans les mélodies africaines. « Je veux juste restituer mes émotions de la manière la plus vraie », explique-t-il.Son désir est aujourd’hui d’utiliser ses textes et son flow pour encourager chacun à ne pas s’imposer de limites. Dans son titre « Nos étoiles manquées », le stagiaire avocat de vingt-quatre ans parle justement de ce qui frémit en nous, de ce qui nous passionne. « Ne laisse personne te dire que tu n’es pas fait pour ça, parce que tu es né pour ça » clame-t-il. « Avoir une maison ou un gros salaire ne nous apportera pas un sentiment d’accomplissement. La seule raison de notre passage sur terre, c’est d’offrir au monde ce que nous avons à l’intérieur de nous. »
Michael Bassin - Journaliste
