Sylvie Canet, Manu Araoz, Philippe Jenni, Marcel Moratti : guitares.
Nicolas Lambert : basse.
Quatre guitares et une basse. Vingt-neuf cordes en comptant le si grave de cette dernière. Cinq musiciens qui pour la plupart croisent le plectre depuis une douzaine d’années et ont développé une écoute digne d’un quintette classique, le groove en plus. Pour leur premier disque, Eclipse (2021), le choix est pris de n’enregistrer que du Charles Mingus, compositeur de génie qui excellait dans les ballades d’une beauté envoûtante comme dans les blues au tempo effréné, les riffs entêtants. Mingus qui savait doser entre ironie et volupté sur un swing bien chaloupé. En dix titres, le groupe y alterne entre ses propres arrangements et ceux de Jack Wilkins, grand nom de la guitare jazz.
Ce qui fait la beauté du Gang, c’est qu’il ne roule des mécaniques qu’à l’heure de l’accordage. Sans faire de l’épate, il joue sans partition, c’est-à-dire avec le cœur, suivant debout des chemins d’improvisation, des personnalités qui, si elles s’expriment sur le même instrument, sont radicalement différentes : Philippe Jenni, qui lead tous les thèmes du timbre chaleureux de sa L5 ; Sylvie Canet, fidèle à sa Gibson noire qui crache les croches par rafales ; Marcel Moratti, doux géant descendu du Jura pour quelque solo périlleux ; Manu Araoz, Parrain facétieux qui exhume des scores de sa bibliothèque personnelle ou de son ranch virginien ; et Nicolas Lambert, bassiste élégant au time solide.