Biography
Il était une fois dans l’ouest lausannois deux gars qui se sont croisés par hasard, lequel pour une fois n’agit pas à l’aveugle, il faut croire. Au départ, cette rencontre n’eut rien que de banal; un des deux, musicien, voit l’autre avec son T-shirt « The Who » ; bon, c’est peut-être un imitateur, il a peut-être piqué ce truc à son père, faut voir. Le dialogue s’engage, ainsi leur conversation aboutit logiquement… Et voilà, la musique, tout le temps et partout ; à partir de là, pour les années à venir, en cours par exemple, les camarades de Matt et Math (et le prof avec) ont bien pu s’étonner de voir les pieds de nos deux complices tambouriner, et leurs lèvres se tordre bizarrement ; c’est que, voyez-vous, ils étaient très concentrés à reconstituer des "Come Together, Maxwell's Silver Hammer ou encore Octopus's Garden" des Beatles, de façon rigoureusement fidèle aux versions originales, les voix mimant pratiquement toute l’instrumentation, les pieds faisant fonction de section rythmique. Le cours d’allemand était alors dédiés aux trois premiers albums de Led Zep, le français à Zappa (là, il y en a eu pour deux semestres et demi). Précisons d’emblée : si l’on conçoit aisément qu’un individu s’enferme sur soi, il est plus difficilement imaginable que deux jeunes gens à priori sains sous tous rapports puissent s’ériger un filtre leur permettant de capter du monde ce qu’ils veulent en tirer, et quand cela leur convient, ou alors de le recréer à leur guise. Autre exemple : le client normal inscrit à un travail de maturité d’économie livre censément un travail d’économie, le truc normal, quoi, l’UBS, l’inflation, la mondialisation… Matt et Math obtinrent, dans ce domaine précis bien précis, une mention summa cum laude pour une création musicale, la resonorisation d’une série TV ; l’école romande cherche encore à s’en remettre. Plus sérieusement : ces deux-là ont une culture musicale éblouissante, classique, jazz, pop, rock, et côté cinéma de même. Mais pas d’élitisme : Kubrick épouse Abba, et Mahler fait la bande-son des Bronzés. Et au-delà de ce savoir et de cette mémoire, il y la pratique musicale, acharnée, à chaque moment de libre, on joue, on chante, on enregistre, on mixe, et on joue, joue, joue, du violon (wha-wha parfois), de la guitare, des claviers, des percussions, et on apprend à se servir d’un studio d’enregistrement quand les autres vont en boîte. Enfin, et c’est parfois soûlant pour leur entourage qui se sent un peu seul, Matt et Math s’entendent trop bien, l’harmonie doublée en complicité : ça fusionne et fuse en créativité.
P.Faoro